la porte qui claque sur ton coeur -haha le fou rire du drame.
Quelqu'un a écrit que Chinaski est vivant au pont des Arts mais ça n'est pas de cela dont je vais vous parler.
Plutôt
des ombres du ciel à la fenêtre, quant à dix heures du soir il fait
encore insolemment jour et qu'appuyée à la rambarde j'essaye de faire
en sorte que la fumée ne rentre pas dans la pièce, avec un fond de
whisky et un roman similaires d'amertume et de réconfort, et le
téléphone qui ne sonne pas et Leonard Cohen en sourdine depuis la
platine. je contemple la ville qui ne me voit pas et les yeux me
brûlent et ma gorge se serre et tout celà ne m'inspire que du dégoût en
somme. On a jamais idée de la merde qu'on peut foutre à l'intérieur de
soi quand même.
Le problème, vois-tu, c'est de dépendre
tellement des autres et de ne s'en rendre compte quand plus personne
n'est là parce que tu les a plus ou moins foutu dehors et vraiment ça
n'est pas très malin d'aimer comme ça. Je ne fais pas l'apologie d'une
quelconque frigidité du coeur parce que ce ne sont que des fantasmes
intrinsèque de gens blessés. Avoir l'air tellement forte et n'être à
l'intérieure qu'une poignée de pages arrachées d'une oeuvre
radicalement remaniée.
Quant A. m'appelle j'ai tellement envie
de pleurer mais ses paroles me font sourire avec mes litres de prose
éthilique dans le sang et je dis que je veux partir en Inde moi aussi
et en fait je crois que j'ai une propension maladive à suivre qui que
se soit au bout du monde (ou juste d'aller voir la mer enfin ça c'est
une autre histoire aussi on n'est pas non plus obligés de se noyer à la
fin comme dans le roman parce que bon la littérature...)
Enfin
je décroche le téléphone et l'on me rétorque une histoire
invraisemblable du genre tu vois c'est comme un homme et une femme qui
sont mariés depuis vingt-cinq ans et l'homme aime sa femme profondément
mais juste un soir il a envie d'aller voir une jeune fille blonde et
parfaite et après il revient auprès de son épouse parce que c'est cette
dernière qu'il aime mais bordel est-ce que tu te rends comptes des
choses que je me prends en pleine figure par moments ou pas? je connais
ton desespoir chronique mais ne me fais pas croire que tu ignores le
mien. Donc je finis mon verre de whisky et aussi une autre pinte du
roman et puis ensuite la nuit tombe, enfin. Des gens me font signe d'Angleterre ou des alentours et je tappe sur le clavier comme si ma vie en
dépendait et je sirote du thé à la vanille parce qu'à présent la
migraine m'a repris. Oh, le téléphone ne sonnera plus. Comme on est
seul, tu sais dans toute cette immensité. Et ce fantasme de pouvoir se
suffire à soi-même oh, dis-je à jack, c'est de la littérature, ça fait
pleurer les rêveurs et grincer des dents.